•  Inception, quelle déception! (prononcez "incepcheun, quelle décepcheun"). Le réalisateur de "Memento", brillant exercice de style à la narration à rebours, et de "Insomnia" a cédé depuis plusieurs films aux sirènes de l'Hollywood d'aujourd'hui. Qu'importe l'ambition du sujet, la tentative de narrer sur quatre niveaux des rêves imbriqués en poupées russes, qu'importe puisque Nolan adopte un style fait de scènes d'action filmées à la caméra tremblante avec des plans de moins de deux secondes en moyenne et de musique tambourinante pour appuyer les scènes d'action (terrible Hans Zimmer). Le manque d'innovation cinématographique de Nolan et sa volonté d'épater - d'assommer - le spectateur le rapproche des blockbusters de Jerry Bruckheimer et des films de Michael Bay, la cérébralité en plus. Enfin, cérébralité... Une cérébralité qui exige de longues et répétitives scènes d'exposition du style "Alors là, toi tu vas faire ça et il va se passer ça, et moi je..." Vous les aimez vous ces rêves aux images bleu métal qui ressemblent à la plus banale des scènes d'action d'un film américain ??? De plus, l'enjeu scénaristique (concurrence entre deux saloperies de trusts) est, si l'on y réfléchit, terriblement mesquin, surtout en ce temps de crise économique. Caprio trouve ici un rôle quasi identique à son rôle dans "Shutter Island". Il est pas mal, sans plus, ainsi que le reste de la distribution. Le pire est que tout ça se prend terriblement au sérieux, avec une accablante absence d'humour. Les prochains projets de Nolan sont "Superman" et "Batman". Bon courage, Christopher...


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  •   "Au bout du conte" d'Agnès Jaoui est sans conteste le meilleur film de Woody Allen depuis bien longtemps. Oubliés, ces "Whatever works", "Vous allez rencontrer...", "Midnight in Paris" et "To Rome with love" de morne mémoire. On a affaire ici à un film choral brillamment écrit et interprété, généreux, qui n'est pas sans rappeler "Hannah et ses sœurs" du même Allen. Festival de bons mots, bons dialogues, bonnes situations comiques à l'incongruité bien trouvées, plaisirs que l'on guette au détour de chaque scène. Woody a eu la bonne idée de faire jouer son personnage habituel par Jean Pierre Bacri (meilleure idée que Kenneth Branagh dans "Celebrity, non ?.. ") qui sait merveilleusement transmettre ce coté inquiet et atrabilaire propre aux plus joyeux clowns tristes, et aussi sa profonde humanité à la fin du film, très émouvante. Woody Allen avait parfois enrobé son système narratif vaudevillesque habituel, de chœurs grecs dans "Mighty Aphrodite" par exemple, ou de comédie musicale dans l'euphorisant "Tout le monde dit "I love you" ". Ici, le brillant chassé-croisé entre une bonne vingtaine de personnages qui, tous, existent, est emballé dans un look curieux de conte de fées moderne avec un Cendrillon masculin timide, un grand méchant Wolf (Biolay dans un drôle de rôle), une mère-grand un peu perdue, des enfants, des forêts profondes, des rois pollueurs - un peu, pas trop, des ultimatum de minuit et des fins heureuses ... Allen parvient ainsi à décontextualiser son propos et à éviter le piège de la peinture sociologique de la France d'aujourd'hui. Il y avait longtemps que je n'avais pas vu un film français aussi bien écrit et manufacturé. Certes, il ne révolutionne pas le cinéma par sa mise en scène, mais il réjouit par l'acuité et la générosité de son regard et le chantournement de l'écriture. Claude Sautet (même si l'on ne pénètre jamais dans les abimes de profondeurs des personnages du grand Claude) aurait sans doute apprécié la réussite du film de ces talentueux successeurs. 

    P.S. Au moment où je finis d'écrire ces lignes, je m'aperçois avec stupeur en relisant le générique que ce n'est pas un film de Woody Allen, ce qui me plonge dans le désarroi le plus total ...

     

     


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  •  C'est dur de faire un film sans personnages ni scénario... Ca pourrait confiner au génie abstractionniste (cf Bunuel). Mais avec Tarantino, ça confine à rien... On ne sait même pas comment qualifier cela. Ce film est une choucroute avariée, un pudding véreux, que sais-je ... On passera sur la morale de Q. Tarantino qui semble fasciné (fascisé?) par la loi du Talion (ah, vengeance, ressort dramatique facile, quand tu nous tiens ...). Ce misérable cinéaste semble vouloir extraire tout ce qu'il y a de mauvais chez le spectateur. Tout le monde tue tout le monde et le sang ne suffisant plus, on voit de la bidoche tressauter à chaque impact de balle de façon aussi complaisante que ridicule, que malsaine, que moche, que bête. Les personnages n'évoluent pas sur les 2H40, la sensation de l'écoulement du temps n'est pas travaillée, les acteurs sont mauvais comme des cochons (pauvre Jamie Fox). Le cinéma est, lui, absent de ces longues 2 heures 40. Pas une idée de mise en scène mais une arrogance certaine à utiliser 12 caméras pour rien. On regrette "Reservoir Dogs", premier et meilleur film du réalisateur qui, lui, au moins, disposait d'un scénario bien écrit. 

     


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  •  Grosse déception. Avant la séance, on s'attend à une claque. Après tout, "There will be blood" était brillant (mais un peu prétentieux), "Magnolia" très virtuose, "Boogie Nights" attachant, brillamment construit et filmé. Après 30 minutes de film, on se dit que l'intérêt va arriver bientôt. Après 1 heure, on commence à perdre espoir, après 2 heures on se regarde l'air de dire "c'est une blague, ou quoi ?". J'ai failli partir avant la fin tant c'était ennuyeux et creux. Si encore il y avait une histoire... mais non, rien. Aucun éclairage sur les sectes ou leur fonctionnement, non plus. Les acteurs sont très forts dans le genre "J'en fais des caisses et il me filme en gros plan", ce qui ne sauve évidemment pas le film.

    Face à ce navet boursouflé, les critiques professionnels sont-ils victimes de la mode et du hype ?..

     

     


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  •  Un scénario épure, théâtral, qui donne une forte intensité aux situations, abstraites d'abord tant qu'on ne comprend pas les tenants et les aboutissants, puis très concrète: c'est le krach de 2008 qui nous est raconté, du point de vue de ceux qui l'ont "décidé". Passionnant film américain, qui rappelle "Glengarry Glen Ross" de James Foley (1992). Interprétation de haut vol (haut vol, c'est le cas de le dire ...), avec des personnages très bien écrits, dialogues brillants, filmage classique mais très lèché. Bravo, quel premier film !..

     


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